Résumé |
La compréhension de l'oeuvre, telle qu'elle est suggérée par l'analyse musicale traditionnelle, consiste en une réduction de la partition en une structuration, dont les mécanismes ont été établis a priori. L'acte même d'analyse musicale se décomposant suivant plusieurs dimensions musicales, on obtient un ensemble de schémas synthétiques : succession récursive de parties de l'analyse formelle, classement d'ensembles de notes de l'analyse harmonique, et marquage de motifs caractéristiques de l'analyse motivique. La musique se satisfait-elle d'une telle réduction ? La théorie des processus thématiques de Rudolph Reti semblerait inaugurer une autre conception de l'analyse, bien plus ambitieuse, qui consisterait à envisager le phénomène musical dans toute sa complexité et son étendue, à estimer la pertinence de chaque note dans son contexte propre. Un tel projet se confronte à deux difficultés de taille : la tâche semble particulièrement fastidieuse, d'une part ; et des choix doivent être décidés parmi une infinité de décisions possibles et éviter toute subjectivité implicite. D'où l'intérêt de faire appel à l'informatique, en premier lieu, et à une modélisation cognitive des mécanismes d'induction. Nous remettrons en cause le concept d'analyse de niveau neutre et justifierons la nécessité de se placer à un niveau esthésique, ou mieux : cognitif. À la traditionnelle décomposition multidimensionnelle, en points de vue motivique, formel, et harmonique, est alors préférée une recherche générale d'analogies entre structures. Un tel outil musicologique permettrait non seulement de révolutionner la compréhension des oeuvres classiques, mais également une analyse des musiques contemporaines, ethniques, voire électro-acoustiques. |