Résumé |
L’idée d’interprétation suppose une exploitation cohérente des symboles et des interstices de la partition. L’analyse musicale d’interprétation peine souvent à abstraire une telle unité – un style interprétatif déterminé – à partir de la mesure des écarts entre ce que joue le musicien et ce que lui prescrit le texte qu’il exécute. A la notion d’écart, nous proposons de substituer celle de lecture, qui désigne positivement le caractère processuel et matériellement déterminé du travail de l’interprète sans en faire a priori une herméneutique. L’étude de la lecture par Samson François de Noctuelles de Ravel, basée sur un enregistrement réalisé dans le cadre d’une quasi intégrale Ravel, révèle que les erreurs manifestes du pianiste peuvent être caractérisées comme des faits de lecture significatifs au même titre que les faits n’entrant pas en contradiction avec la partition ; comme ces derniers, ils peuvent être objet d’analyse musicale et permettent en outre une compréhension renouvelée de la partition. Par ailleurs, à travers sa méthode et sa structuration, cet article hypermédia montre l’intérêt musicologique des technologies d’aide à l’analyse (en l’occurrence, concernant l’annotation temporelle de partition et l’administration de la preuve en contexte hypermédia) |